Déchirante, c’est le mot pour décrire l’histoire de Keiko, l’orque célèbre pour avoir interprété le rôle titre dans Sauvez Willy.
Keiko, l’orque capturée
Né en 1976, Keiko, un orque mâle, était tranquillement en train d’apprendre à chasser en 1979 avec sa famille lorsqu’il fut capturé au sud de l’Islande, dans l’archipel des îles Vestmann. Vendu à un aquarium islandais, il fut transféré dans le parc de loisir Marineland du Canada en Ontario.
Après s’être produit en public plusieurs années, rejeté par ses pairs et s’être contenté d’un petit bassin pour évoluer, Keiko fut de nouveau vendu en 1985 pour être envoyé à Reino Aventura, aujourd’hui Six Flags Mexico, un parc d’attractions de la capitale du Mexique.
À nouveau, sa situation pose problème. Parqué dans un bassin encore plus petit, dans une eau douce et chaude non adaptée à son espèce, ne contenant pas les nutriments nécessaires pour sa survie et blessé, Keiko est mal en point. Son état ne s’améliore pas, jusqu’en 1993.
Cette année-là, l’orque est choisi pour un rôle dans un film, Sauvez Willy. Ironie du sort, le long métrage parle d’un petit garçon, Jesse (Jason James Richter), se battant bec et ongles pour remettre en liberté l’orque Willy, maltraité et utilisé dans des spectacles pour enfants.
Le film connut un succès retentissant et fut la première étape pour le changement de vie de Keiko. Bien que l’orque fut utilisé pour deux autres films en 1995 et en 1997, des milliers d’enfants et plusieurs associations se sont inquiétés de son sort et demandèrent sa remise en liberté ainsi que des soins décents.
La Free Willy – Keiko Foundation fut créée, avec l’appui de la société de production Warner Bros, pour organiser le sauvetage de Keiko. Un effort historique fut alors mis en place pour remettre en liberté l’orque.
Avec le soutien financier de Warner Bros, de la Humane Society, qui s’occupe de réguler les activités des animaux au cinéma et de leur bien-être, ainsi que du milliardaire Craig McCaw, un bassin de réadaptation fut construit dans l’Oregon Coast Aquarium. 4 fois plus grand que celui du Mexique et composé d’eau de mer, le bassin permit à Keiko d’apprendre à manger du poisson vivant et à s’habituer aux sons de ses congénères pour se préparer à réintégrer le milieu sauvage.
Deux ans plus tard, Keiko était en excellente santé et prêt à rejoindre les siens. Grâce à un avion cargo mobilisé par l’armée américaine, Keiko fut transporté vers la baie islandaise dans laquelle il avait été capturé en 1979. Après une période d’adaptation, les entraîneurs de l’orque ont ouvert le passage pour le laisser aller et venir à sa guise. Mais bien qu’il allait à la rencontre d’autres membres de son espèce, Keiko revenait régulièrement dans la baie, pour rejoindre ses amis humains. Ces derniers tentaient de s’en désintéresser pour qu’il rejoigne les siens, mais Keiko se montrait insistant pour les voir et rester en leur compagnie.
Un beau jour de l’été 2002, Keiko s’est lancé et a commencé un long périple. D’Islande, l’orque s’est rendue en Norvège. Équipé d’un traceur, les soigneurs ont pu le suivre jusque là, dans la baie de Taknes. Bien que l’orque s’est mêlée à de multiples reprises avec d’autres animaux et a pu développer sa capacité à chasser seul, Keiko se rendait régulièrement près des humains. Il nageait avec joie en voyant ses anciens compagnons.
Il vécut alors heureux et libre, malgré son attachement profond pour les humains. Jusqu’au 12 décembre 2003. Les membres de l’association qui le surveillait ont retrouvé son corps flottant dans la baie, décédé d’une pneumonie. C’est à cet endroit de ce fjord qu’il fut enterré. Un cairn, amas de pierres disposés en stèle, marque l’emplacement de la dernière demeure de Keiko.
Malgré son attachement profond et très ancré pour les humains, Keiko inspira de nombreuses personnes œuvrant pour la libération des animaux captifs et fut un point de départ pour une lutte sans précédent. Vous pouvez soutenir la cause de la fondation en visitant ce site web : Keiko Whale Rescue de l’International Marine Mammal Project !
Crédit photo : Capture d’écran de Sauvez Willy – Warner Bros, Regency Enterprises, Alcor films et StudioCanal
Bravo Damien pour cet article très instructif et plaisant à lire.
Merci beaucoup ! 😊